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Les formations des enseignants

Dans un monde qui change, face à des élèves qui évoluent, avec des outils de l’accès au savoir qui se démultiplient et se diversifient, tout éducateur s’interroge sur l’efficacité de son acte au quotidien. Tour d’horizon des formations proposées aux enseignants du GLFL pour constamment remettre en question, améliorer et varier leurs pratiques.


Le professeur, parce qu’il exerce un métier vivant, s’est toujours interrogé sur la meilleure manière d’enseigner et d’éduquer les élèves. Ce qui a changé, c’est l’accès au savoir. « Alors qu’à une époque, le professeur représentait le premier pourvoyeur de savoir, aujourd’hui, il perd ce monopole face à un élève qui, grâce aux nouvelles technologies et à internet, a de multiples moyens de s’informer et s’instruire, explique Brice Léthier, proviseur du GLFL. Cela change le rapport entre l’élève et son enseignant, et cela change les techniques d’enseignement en soi ». Enseignement à distance, classe inversée, évaluation positive, apprentissage par compétences, nouveau baccalauréat : le système change en permanence et plusieurs entités permettent aux enseignants du Grand Lycée, et plus largement à l’ensemble de son personnel, d’être constamment à la page des réformes, des nouvelles techniques, des derniers outils, et à l’avant-garde de l’enseignement.

Le Grand lycée en tant qu’établissement homologué de la Mission laïque française et également qu’établissement conventionné par l’AEFE, bénéficie des formations de ces deux entités. « L’intérêt de l’AEFE, la force de frappe de ses formations, ce sont les personnels expatriés : les professeurs expatriés à mission de conseil pédagogique, les enseignants maîtres formateurs, les conseillers auprès de l’inspectrice de l’éducation nationale en résidence pour le premier degré et les directeurs et directrices d’école », affirme le proviseur. « À la Mlf, la veille pédagogique extrêmement forte fait que dès qu’il y a des opportunités, les informations sont rapidement relayées, continue-t-il, ce qui permet de nous en saisir ». Le Grand Lycée est aussi un établissement autonome qui propose ses propres formations au bénéfice de ses professeurs, administratifs et agents. Enfin, « le dernier étage de la formation, c’est la personne, ajoute Brice Léthier. Chacun peut décider de s’élaborer un propre parcours à distance, seul à son domicile, avec de la volonté ». Certains professeurs se sont déjà auto-formés sur des sites comme ‘Fun Mooc’ et d’autres plateformes qui permettent aujourd’hui de profiter de cours dispensés par des établissements du supérieur de renommée internationale, gratuitement, de façon très ponctuelle ou en continue.

Un accompagnement pour les professeurs débutants dans le réseau

Encadré par les professeurs expatriés à mission de conseil pédagogique, chaque membre de l’établissement se voit proposé, lorsqu’il commence son parcours au sein du réseau AEFE, une formation initiale complémentaire sur deux ans. Son but : donner les clés de l’enseignement à la française. Rosemay Hechaime, enseignante de philosophie au Grand Lycée, titulaire d’une Licence d’enseignement de philosophie de l’université libanaise, a pu en profiter dès son arrivée au Grand Lycée. « J’ai participé à deux types de séances, explique la jeune femme : disciplinaires avec les collègues de philosophie d’autres établissements, et interdisciplinaires où plusieurs disciplines font des ateliers sur des thématiques transversales ». Ainsi, environ une fois par mois, elle a profité de ces sessions de formation dans divers établissements du réseau sur les plans pédagogique et didactique, de la simple gestion de classe à la problématisation de séquences, en passant par la différenciation et les techniques d’évaluation. « Un des grands apports de la FIC, c’est que nous travaillons avec des enseignants d’autres disciplines et nous pouvons ainsi découvrir d’autres méthodes. En philosophie, j’avais tendance à faire des cours traditionnels. Or, lors d’un atelier de pratique pédagogique sur la méthode d’investigation, nous nous sommes demandés comment introduire son cours de sorte à intéresser les élèves à la notion. En SVT et en Physique-Chimie, mes collègues ont parlé d’expériences, cela m’a poussée à penser que la Philosophie n’était pas une matière uniquement théorique mais aussi pratique », affirme-t-elle. Ainsi, dans certaines classes, abordant un cours sur la notion de désir, la professeure a utilisé ces notions d’investigation en encourageant ses élèves de terminale à écrire sur des morceaux de papiers anonymes tous les désirs qu’ils avaient, sans tabou ni censure. Résultat : dans ces classes, les réflexions et les échanges ont été bien plus profonds et pertinents que dans celles où elle ne s’était pas prêtée à cet exercice.

Durant ces deux premières années d’enseignement, les professeurs débutants reçoivent également des visites du formateur en classe et ont l’opportunité d’aller eux-mêmes assister à des cours de collègues. « J’ai reçu quatre visites, se souvient Rosemay Hechaime. Même si c’est stressant, c’est très enrichissant. Ce que j’ai appris en situation, je n’aurais pas pu l’apprendre autrement. Le fait d’observer des cours m’a permis de voir comment gérer une classe, gérer son temps, communiquer avec les élèves. Le fait de positiver à chaque fois, par exemple, voir ce qu’il y a de bon dans la réponse de l’élève même s’il ne répond pas ce qu’on attend, je l’ai appris avec mes collègues expérimentés », conclut la professeure qui a terminé sa deuxième année de formation en juin, en présentant un dossier de synthèse et un bilan réflexif sur ces premiers mois de pratique.

Des stages à diverses échelles

Puis, tout au long de leurs carrières dans l’établissement, les professeurs bénéficient d’un plan de formation continue qui part des besoins qu’ils ont exprimés. « En septembre, chaque professeur peut s’inscrire sur plusieurs stages en lien avec sa pratique quotidienne. Typiquement, il y a beaucoup de formations autour du bac 2021, en ce moment », note Brice Léthier. La plateforme pédagogique de l’AEFE offre également la possibilité pour les établissements scolaires homologués de mettre à disposition dans leur établissement, pour une mission donnée encore plus ciblée, une rencontre avec une équipe pédagogique sur une thématique particulière. À côté de cela, des groupes de réflexions permettent régulièrement aux professeurs d’échanger autour de leur pratique : le « GREL » pour les Lettres, le « GREM » pour les mathématiques, le « GREDOC » pour les professeurs documentalistes…

En parallèle, la Mission Laïque française a un dispositif complémentaire. « Parce que la Mlf travaille avec des académies partenaires, nous pouvons bénéficier de formations qu’elles dispensent, explique Brice Léthier. Sur la différenciation pédagogique, des formateurs de l’académie de Dijon sont venus au GLFL pour travailler avec des enseignants d’ici et du Lycée Nahr Ibrahim ». De plus, avec sa logique de réseau, l’association peut organiser des formations regroupant du personnel de tous les établissements Mlf Liban quand un établissement peinerait à inviter des formateurs pour seulement deux ou trois membres de son équipe. Pour finir, l’association a lancé une série de projets qui sont à la jonction du projet pédagogique et de la formation : « depuis deux ans, nous travaillons avec Pascale Toscani, une experte des neurosciences, mais aussi sur le projet des Savanturiers. Dans les deux cas, le projet est au profit des élèves qui sont impliqués, mais aussi des professeurs qui, pour pouvoir réaliser ce projet, ont dû être formés. C’est donc intéressant à double titre, dans la formation et l’application ».

Pour sa part, le GLFL organise des formations en interne. « Dans le primaire, à l’initiative des directrices, nous avons reçu sur une semaine complète, des spécialistes comme Roland Goigoux sur les méthodes de lecture et Michel Fayol sur la mémoire et les nombres », rappelle Brice Léthier. Ce sont des formations de type académique avec des conférences organisées par des professeurs d’universités mais aussi du travail en petits groupe et de l’observation en classe avec retour d’expérience auprès des professeurs concernés. « Pour cette organisation au niveau de l’établissement, nous avons mis en place une cellule interne de formation qui a vocation à être sollicitée et à se prononcer sur l’ensemble du volet ‘formation des personnels’. Elle se prononce déjà sur la validation des stages et formations AEFE et Mlf, et lancera prochainement une campagne pour recenser les souhaits qui ne sont pas couverts par ces volets afin d’avoir une démarche exhaustive à l’interne, dans un cadre institutionnalisé », précise le proviseur.

Une formation diplômante

L’AEFE et la Mlf proposent, enfin, des formations d’un an avec diplôme à la clé : diplôme universitaire ou Master avec l’Académie de Lille ou encore celle de Clermont-Ferrand. Elles sont proposées et financées par le Grand Lycée pour les professeurs des écoles au primaire ainsi que les professeurs de Lettres et de Mathématiques dans le secondaire. Ainsi, Claude Faddoul a commencé son DU ‘Enseigner dans un établissement français à l’étranger’ en novembre dernier. « Madame Lasserre m’a demandé si j’étais intéressée, explique l’enseignante de CP, et elle m’a inscrite. A l’ESA, j’ai passé un entretien, présenté mon dossier faisant part de mon parcours et mes motivations et il a été retenu ». Elle a ensuite reçu un logiciel qui lui permet d’accéder aux cours concernant l’enseignement des Mathématiques, de la lecture, de l’Éducation morale et civique et du langage oral, ainsi qu’au calendrier détaillé avec les échéances. Pour Claude Faddoul qui enseigne depuis 25 ans avec sa Licence d’enseignement, cela est avant tout un défi personnel : « Les programmes ont changé, c’est vrai, mais on est toujours à jour au Grand Lycée. Ici, il s’agit davantage du plaisir d’apprendre », confie-t-elle. Pendant un an, plusieurs heures par semaine, elle travaille chez elle sur les programmes officiels mais aussi en classe en mettant en place des activités dont elle fait l’étude approfondie. « C’est aussi une réflexion et une analyse sur mon métier et sur ma pratique, ajoute la professeure. Je dois expliquer ce qui s’est passé avant et après mes cours, de façon détaillée. À la fin des vacances de Noël, j’ai travaillé plus de vingt heures sans me lever de ma chaise pour terminer mes analyses de séances à temps ! Quand on a des enfants c’est difficile, mais les miens ont grandi, j’en profite pour penser à moi et à ma carrière davantage ».

 

Amira Jaber, a continué, après son DU, avec un Master ‘Mention métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, pratiques et ingénierie de la formation’. « J’aime bien me former continuellement, il faut évoluer aussi pour faire évoluer les élèves, affirme l’enseignante de CM2. Sur la plateforme en ligne, j’ai pu interagir tous les jours, non seulement avec des professeurs mais aussi avec des conseillers pédagogiques, des directeurs, des animateurs de BCD, et de partout dans le monde ! Il faut donc travailler en groupe avec des personnes qu’on ne connaît pas, avec un profil diffèrent mais des objectifs communs ». Amira Jaber a présenté un mémoire intitulé ‘Optimiser les stratégies de mémorisation en les variant et en se basant sur les apports des neurosciences pour permettre à tous les élèves d’apprendre à apprendre’. Elle a travaillé, pendant un an, sur la mémorisation des élèves avec l’exemple des tables de multiplication. « En classe, j’ai mis en place plusieurs stratégies et j’ai obtenu des résultats frappants avec des élèves qui n’arrivaient jusque-là pas à apprendre leurs tables de multiplication, dévoile la professeure. Je ne me contente plus de transmettre des savoirs, je deviens chercheur, investigateur, en essayant de trouver des méthodes et des outils, pour dépasser les obstacles et faire évoluer tous les élèves ».

Aujourd’hui, grâce à une autre formation d’accompagnateur pédagogique, Amira Jaber peut accompagner des enseignants débutants. C’est le cas de plusieurs professeurs expérimentés et reconnus dans l’établissement pour leurs qualités professionnelles. Ils peuvent, en milieu ou fin de carrière, suivre une formation d’accompagnant pédagogique afin de transmettre leurs savoirs et expériences non seulement aux élèves mais aussi à leurs pairs.

« Lorsqu’un professeur est attiré par un sujet, conclut Brice Léthier, il suit un stage en groupe puis, il revient dans sa classe où il est à nouveau seul. En fait, sans échange, sans regard rétrospectif analytique sur ce qui est fait, il est parfois difficile de se maintenir dans cette démarche de changement. Notre but est de passer à un parcours qui s’inscrit dans la durée parce qu’il permet l’échange et facilite la logique du changement de pratique ». Ainsi, ce serait en rompant avec la solitude de l’acte professoral durant les moments de concertation hebdomadaire, par courriels ou sur les forums, et durant les moments de formation ponctuelle ou en continue, qu’un professeur pourrait, sur le moyen terme, plus facilement et durablement faire évoluer sa pratique.