Accueilchevron_rightL’Olivier, Le petit journal du Grand Lycéechevron_rightLe concours de plaidoirie des lycéens

Relever, dénoncer, proposer

Cette année, le GLFL devrait lancer son concours de plaidoirie. Un projet qui existe depuis plus de vingt ans en France et au sein du réseau AEFE, piloté par le Mémorial de Caen, et au cours duquel les candidats lycéens doivent prononcer une plaidoirie de huit minutes illustrant une situation actuelle d’atteinte aux droits de l’homme dans le monde. Qui concerne-t-il et quelle forme prendra-t-il au GLFL?

Lorsque Juan Antonio Da Silva Melendo, enseignant d’Histoire-géographie expatrié à mission de Conseil pédagogique Second degré a proposé le concours de plaidoirie l’année dernière à la direction du GLFL, le projet a été accueilli à bras ouverts. Cela faisait plusieurs années que la direction du Grand Lycée cherchait un concours à organiser au sein de l’établissement pour les réseaux Mlf et AEFE au Liban : « Il existe déjà un concours de poésie à l’International College, ‘Question pour un champion’ au Collège Protestant Français, un concours sportif de rallye au Collège Notre-Dame de Jamhour, note Sandra Pardo, proviseure adjointe lycée au Grand Lycée. Cela nous semblait donc intéressant d’avoir un concours porté par l’établissement et qui lui permette de rayonner ». De plus, lors des entretiens avec les élèves de terminale et leurs familles en juin dernier, « ils ont souvent parlé de la capacité à argumenter, la liberté de penser et l’ouverture d’esprit défendus par l’établissement et cela nous semblait cohérent d’organiser ce concours sur la plaidoirie pour lequel il faut argumenter, s’appuyer sur le droit, continue Sandra Pardo. Cela résonnait avec les valeurs du Grand Lycée, de la Mission laïque française et de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger ».

Défendre une cause qui tient la jeunesse à cœur

Ce concours de plaidoirie, existe depuis vingt-quatre ans dans le réseau AEFE. Pour les élèves, il consiste à travailler seul ou en binôme sur un cas qui enfreint le droit national ou international, écrire puis, réciter une plaidoirie pour présenter ce cas devant un jury en proposant des solutions. « L’intérêt, c’est de travailler sur des sujets d’actualité en lien avec les droits de l’homme, explique Juan Antonio Da Silva Melendo. L’élève va ainsi développer les compétences de s’informer, de développer un esprit critique par rapport à l’actualité. Il va également développer la capacité à trouver des sources et travailler sur du droit et un exercice particulier qui est la plaidoirie. Puis, il va devoir argumenter pour montrer en quoi ce cas contredit les grands textes internationaux que le pays a signés et enfin, il va proposer des solutions qui peuvent être utopiques mais qui peuvent aussi faire évoluer la situation ».

Pour les lycéens volontaires, le travail se fera, dans un premier temps, à l’écrit. Un accompagnement aura lieu au GLFL sous la forme d’un atelier tenu par le professeur qui les initiera à l’écriture de la plaidoirie. Une fois cette phase terminée, seules douze plaidoiries seront retenues sur l’ensemble des établissements participants pour être publiées dans un recueil de plaidoiries et présentées à l’oral. Lors de cette deuxième phase, les élèves des différents établissements seront regroupés pour se voir proposer un entraînement à l’oral. « Nous regrouperons les élèves afin que ce concours ne soit pas perçu uniquement comme une compétition mais aussi comme un entraînement. Pour nous, les douze finalistes seront les douze vainqueurs car ils auront tous réussi à faire passer leurs messages à leur génération, devant un grand public de quatre-cents élèves, des élèves des établissements finalistes et autres élèves ayant participé », relève Juan Antonio Da Silva Melendo. En effet, les élèves dont la plaidoirie écrite a été choisie passeront à l’oral sur scène devant leurs pairs et le jury qui élira un gagnant. Ce jury sera composé de personnes extérieures aux établissements participants : « Ce pourrait être des représentants de l’éducation nationale française, libanaise, des avocats, des spécialistes du droit et responsable d’ONGs », propose le professeur à l’initiative du projet. Ce jury ainsi que le public ne découvriront les douze plaidoiries que le jour de la finale avec les textes du recueil sous les yeux. « L’élève devra ensuite respecter le texte original et le faire résonner. Il n’y a pas de côté théâtral d’évalué mais l’investissement, la conviction et les qualités d’orateur », précise le professeur.

Un intérêt des élèves pour les sujets d’actualité

Ce concours s’adresse aux élèves de la seconde à la terminale et ne nécessite aucune connaissance préalable en droit. « Il peut intéresser tous les élèves curieux, qui suivent l’actualité et ont un sentiment d’injustice par rapport à une situation. Évidemment, il faut aimer écrire et être à l’aise à l’oral : huit minutes à l’oral correspondent environ à deux pages tapées à l’ordinateur en taille 12. Concernant le droit, ils feront référence à des textes dont ils auront déjà entendu parler durant leur parcours scolaire et que nous consulterons à nouveau ensemble : la Convention internationale des droits de l’enfants, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la Déclaration universelle des droits de l’homme ». Heureux hasard pour l’établissement : ce concours est lancé l’année où ouvre une option « Droit et grands enjeux de monde contemporain » en terminale, ce qui permet à la direction d’être assez confiante quant à l’intérêt des élèves pour ce type de projet. « Au moment des inscriptions pour les options, nous avions indiqué qu’elles ouvriraient en fonction des effectifs et une quarantaine d’élèves se sont inscrits pour celle-ci. Ils ont des profils très variés, certains suivent des spécialités très scientifiques mais souhaitent garder une ouverture d’esprit et d’autres élèves sont déjà tournés vers des études de journalisme ou de droit avec des cours d’Histoire-géographie et de l’anglais renforcé. Nous avons aussi un club autour de l’histoire du Liban porté par Yana Ammar qui travaille sur la géopolitique du Moyen orient. Tous ces élèves peuvent être particulièrement intéressés par ce concours », développe la proviseure adjointe lycée.

Un entrainement pour le Grand oral du baccalauréat

Il a également semblé pertinent à l’établissement de lancer ce concours-là avec la mise en place du Grand oral en terminale. « Nous allons proposer des formations à destination des enseignants sur l’oral donc de mettre en place un concours de plaidoirie, cela nous semblait aussi correspondre à une dynamique autour de l’entraînement à cette nouvelle épreuve du baccalauréat », remarque Sandra Pardo. En effet, alors que l’oral n’a jamais autant compté dans le parcours scolaire des élèves et que lycéens du Grand Lycée sont réputés pour avec une verve et une éloquence particulièrement remarquables lors des concours déjà existants d’Ambassadeurs en herbe au sein du réseau AEFE ou encore de Model Europeen Union en partenariat avec l’université LAU, ils vont pouvoir, une fois de plus, mettre ces compétences à profit. « Au Grand Lycée, les élèves ont de bonnes compétences orales, insiste Juan Antonio Da Silva Melendo. Mettre ces compétences-là sur de grandes idées qu’ils défendent, lors d’une plaidoirie qui leur tient à cœur, sur des sujets qui les touchent, c’est très intéressant. Et c’est un fantastique levier pour travailler sur l’éducation civique, la critique, les sources et les droits de l’homme ».

Retour sur l’expérience de Madagascar à Caen

Une fois que le premier prix Liban est attribué à un des douze finalistes, celui-ci participe au concours international de plaidoirie du Mémorial de Caen, en France. Seulement, la concurrence est rude : 1400 candidatures pour seulement quatorze places finalistes à Caen. Sur ces quatorze places, douze sont accordés à des élèves en France métropolitaine, une place est réservée aux élèves des DOM-TOM et une autre aux élèves des établissements de l’AEFE dans le monde. L’année dernière, une élève du Grand Lycée entrainée par Juan Antonio Da Silva Melendo est arrivée à la troisième place de la sélection AEFE Monde, à un pas de la grande finale. Une grande finale déjà vécue par le professeur qui s’est rendu à Caen pour accompagner une de ses élèves lors de sa mission à Madagascar. Là-bas, les plaidoiries présentées concernaient aussi bien des sujets locaux qu’étrangers. « J’ai entendu des plaidoiries très intéressantes sur le travail des enfants dans les mines de Madagascar, la spoliation des terres par de grandes multinationales, la destruction de la biodiversité pour des raisons économiques. De manière plus large, les élèves se sont intéressés au droit à l’éducation, à l’esclavage moderne des femmes des pays pauvres qui vont travailler comme domestiques dans des pays plus riches ». C’est cette dernière plaidoirie qui avait été choisie pour représenter les établissements de l’AEFE à Caen et qui est finalement arrivée cinquième sur quatorze. « J’ai accompagné la jeune fille qui est arrivée cinquième sur quatorze. L’élève n’avait jamais pris l’avion ni le train, elle n’avait pas de passeport, elle a dû s’acheter une paire de chaussures pour le froid car le concours a lieu en janvier à Caen. C’était une expérience incroyable pour elle ! » se souvient Juan Antonio Da Silva Melendo.

D’autres élèves de l’établissement pourront indirectement participer à ce concours : « il n’y pas uniquement des plaideurs dans cette histoire, c’est une réflexion générale sur les droits de l’homme à laquelle peuvent participer y compris des élèves qui ne souhaitent pas s’adonner à l’exercice de l’écrit et de l’oral ». Ainsi, il propose qu’un travail sur les affiches et le recueil de plaidoiries soient effectué en collaboration avec les élèves de l’option Arts Plastiques du GLFL. Le professeur aime rappeler, pour finir, que Le Liban est un membre fondateur de l’ONU. « Avec René Cassin et la femme de Roosvelt, l’ambassadeur Libanais Charles Malek a eu un rôle très important dans la rédaction de la Déclaration des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations-Unies en 1948. C’est important que les élèves du Grand Lycée franco-libanais en prennent conscience et continuent de donner du sens à cette initiative à travers des projets comme ce concours de plaidoirie ».