Accueilchevron_rightL’Olivier, Le petit journal du Grand Lycéechevron_rightInformation et Orientation

C’est un service du Grand Lycée qui a doublé en deux ans de par ses effectifs, le nombre d’interventions en classe, les heures de réception de parents et d’élèves, les projets proposés aux enseignants et les échanges avec la direction. Au pôle « Information et Orientation », dans les bureaux de la Vie scolaire-lycée, Jackie Varin, la conseille d’orientation, fait équipe avec deux enseignantes PRIOS (Personnel ressource en information et orientation) pour construire le « Parcours avenir » de tous les élèves de la sixième à la terminale. À terme, ce parcours vise à développer chez ces derniers une véritable compétence à s’orienter.

Dès le retentissement de la cloche annonçant le début de la pause méridienne des lycéens, nombreux sont les adolescents qui viennent frapper à la porte de Jackie Varin, la conseillère d’orientation du GLFL. L’un demande de l’aide concernant son dossier d’université à remplir, un deuxième doute de son choix d’options pour le nouveau baccalauréat, un troisième vient remettre un rapport de stage. Elle, ainsi que les deux PRIOs avec qui elle travaille au quotidien, veillent à accompagner chaque élève, personnellement, afin de le préparer au mieux à son avenir professionnel. Un accompagnement qui débute dès le début du collège et se prolonge jusqu’à la fin de l’année de Terminale.

 

De la découverte de métiers aux premiers pas dans le monde professionnel

« Nez ? C’est un métier d’être nez ? », s’interroge un élève de 5e alors que leur professeur de français explique les différentes professions du monde de la parfumerie. Cette classe termine d’étudier un roman d’aventures dans lequel le héros traverse « le village des parfumeurs » et ils en profitent pour découvrir des professions qui, jusque-là, leur étaient inconnues. Cela intègre la formation des élèves aux métiers, qu’ils suivent tout au long du collège. Le service Information et Orientation fournit en début d’année des fiches faites à partir de ressources de l’ONISEP pour encourager les professeurs à construire leur « Parcours Avenir ». Cela peut être en classe dans le cadre d’une séquence de cours ou d’une simple découverte de l’établissement : « En sixième, nous leur proposons de découvrir et de se renseigner sur un métier présent à l’école comme professeur, documentaliste, surveillant », explique ainsi Jackie Varin. Cela permet de débuter avec ce qui les touche directement, ce qui est concret pour eux, pour

ensuite les amener vers l’extérieur comme c’est le cas lors des sorties pédagogiques : « Dans ce cas, nous proposons aux élèves de découvrir les métiers des personnes présentes pendant la sortie, comme guide touristique ou archéologue », propose Rola Boghossian, professeure d’histoire-géographie et PRIO. En 4e, les choses se précisent « avec des notions en Enseignement moral et civique sur la découverte du monde de l’entreprise et en Education civique du programme libanais dont un chapitre porte sur le marché du travail au Liban », continue Jackie Varin. De plus, le GLFL participe régulièrement au concours « Je filme le métier qui me plait » organisé par le Ministère du travail au Liban dans le cadre duquel des élèves de ce niveau réalisent des reportages sur le monde du travail. « Cela nous fait une base de données très intéressante puisque nous avons recueilli 167 films courts réalisés par les 4e, l’année dernière. En plus de découvrir des métiers, ils se sont aussi familiarisés avec les métiers de l’audiovisuel et, pour certains, cela a fait naitre de vraies passions », constate la conseillère d’orientation. Cette année, ce niveau a également bénéficié de dix sessions sur la gestion des conflits et la médiation dispensées par le Centre Professionnel de Médiation de l’USJ, ce qui peut également entrer dans le cadre de la découverte de métiers et participer au développement personnel de l’élève, tout comme les élèves de Seconde ont suivi huit séances sur la communication positive.

Dans un deuxième temps, les élèves sont encouragés à dépasser le cadre strictement scolaire pour faire leur premier pas dans le monde professionnel. Dès la classe de 3ème, ils suivent un court stage de service communautaire en s’engageant pour une association de leur choix durant une à trois journées au mois de juin. En Seconde, les élèves effectuent un stage en entreprise d’une semaine durant la deuxième partie de l’année, au moment des vacances scolaires. Ils suivent des cours pour apprendre à démarcher, rédiger une lettre de motivation et un curriculum vitae. « Si l’élève n’a pas d’adresse, il vient consulter notre base de données pour prendre contact notamment avec les Anciens du GLFL mais nous veillons à ce qu’ils soient autonomes dans cette démarche, autant dans le choix du stage que dans la procédure, car le but est aussi de les responsabiliser », note Rola Boghossian. Ils présentent ensuite un rapport et passent un oral pour faire le bilan de leur expérience. Rony, en 2D1, a fait son stage dans une société d’import-export. Pour lui, tout était nouveau car même s’il a une liste de métiers en tête, il « ne connaît pas le quotidien de chaque métier, avoue-t-il. Cela est très flou encore ». Alexandra a fait son stage dans différents services d’un centre hospitalier, ce qui a confirmé son choix de vouloir s’orienter vers la médecine. Théa, elle, a été dans un cabinet d’architecture mais n’a pas été convaincue : « j’ai fait d’autres stages dans d’autres domaines que j’ai trouvé plus intéressants. Dans l’architecture, je me suis rendu compte qu’il fallait être extrêmement patient et pointilleux pour travailler sur des maquettes. Les stages permettent aussi de savoir ce qu’on ne veut pas faire selon notre personnalité et notre potentiel ». Pour finir, les élèves de Seconde et Première se rendent, dans le cadre de leur cursus, au Forum des Métiers, organisé au GLFL tous les ans au mois de janvier. Ils y mènent des entretiens auprès d’une cinquantaine d’intervenants. Les élèves de 3e et Terminale peuvent également y participer, de façon non-obligatoire.

 

De la découverte de soi aux choix d’orientation

À partir de la 3e, l’élève se concentre davantage sur lui-même et ses aspirations. Il apprend à formuler ses qualités, ses défauts, ses désirs mais aussi à s’organiser et réfléchir à ses choix d’orientation au lycée. La classe de Seconde est une des priorités du service puisque le nouveau baccalauréat prévoit 54 heures consacrées à l’orientation pour chaque élève de ce niveau à partir de la rentrée prochaine. « Cela comprend toutes les interventions que nous faisons en classe et tout le travail individuel que nous faisons dans le bureau ou que les professeurs principaux peuvent faire avec chaque élève », explique Jackie Varin. Tout au long de l’année, elle reçoit ainsi individuellement tous les élèves de ce niveau, certains accompagnés de leurs parents et met à leur disposition des fiches-support sur le thème de l’orientation. Au milieu de l’année de Seconde, chaque classe reçoit à nouveau l’équipe qui leur explique comment choisir leurs filières : « Nous exposons les possibilités qu’elles donnent, les portes qu’elles ferment par rapport à d’autres et les élèves remplissent leur Fiche-dialogue sur laquelle ils font part de leurs vœux », note la conseillère d’orientation. Avec le nouveau bac, leur choix de spécialités est relié à leur projet d’avenir : « Si l’élève veut faire un certain métier, c’est valorisant pour lui d’avoir fait tel et tel enseignements, observe Rola Boghossian. Il y a également un aspect stratégique car il faut qu’il choisisse les trois enseignements de spécialité en Première. Il en garde deux en Terminale qui ont un coefficient de 16 alors que les autres matières obligatoires en ont un de 5. Ils ont enfin la possibilité de coupler des enseignements qu’ils ne pouvaient pas joindre avant comme Sciences économiques et sociales (SES), Sciences de la vie et de la terre et histoire-géographie s’ils veulent travailler dans le domaine de l’environnement ou de la santé ».

Avec cette nouvelle formule, les élèves sont davantage préoccupés par leur avenir : « Ils nous demandent de faire des choix rapidement, de nous projeter dès à présent alors que nous ne sentons pas avoir été suffisamment préparés pour ça », confie ainsi les trois élèves de SD1. Alexandra est seulement sûre, pour l’instant, de vouloir garder les Mathématiques. Rony a choisi Mathématiques, SES et Physique-chimie par stratégie : « avec ça, je pourrai faire du commerce, de l’ingénierie ou même du droit ». Quand à Théa, elle redoute déjà l’abandon d’une spécialité à la fin de la Première : « Je ne sais pas si je vais faire ingénierie ou médecine. Je ne me vois donc pas sacrifier les mathématiques, ni abandonner les Sciences. C’est tôt de devoir choisir à notre âge ce qu’on veut faire plus tard. J’ai peur de faire une erreur». Les parents, également, partagent cette inquiétude : « ils étaient beaucoup moins visibles il y a quelques années et viennent de plus en plus nous consulter pour l’orientation de leurs enfants dès la fin du collège », confie ainsi Rola Boghossian qui se veut confiante et rassurante avec tous les profils d’élèves. « Avec les moins motivés, je vais essayer de trouver un point d’accroche, un fil, pour ensuite pouvoir broder, explique-t-elle. Souvent, ces élèves n’ont pas confiance en eux, n’osent pas exprimer ce qu’ils aiment mais à force de recherches, de partages d’expériences, nous trouvons quelque chose. Nous travaillons aussi avec des élèves qui ont des envies mais différentes de celles de leur entourage, il y a donc un cheminement à faire vers l’émancipation. Il y en a enfin qui ont un projet mais pas les résultats qu’il faut. Soit nous les poussons au travail, soit nous les encourageons à trouver autre chose. Nous ne pouvons pas casser leur rêve mais nous nous devons d’être réalistes. C’est un travail de prise de conscience par l’échange et le dialogue », conclut la PRIO.  

De l’élaboration de son dossier à la préparation au départ

En Première, les élèves choisissent les universités qu’ils vont devoir contacter pour poursuivre leurs études et élaborent leur dossier qui comprend, entre autres, les notes et les appréciations mais aussi une lettre de motivation et des lettres de recommandations. « Nous présentons les enjeux dès la classe de Première car en Terminale cela va très vite, insiste Jackie Varin. Nous leur en parlons comme de leur dossier de vie dans lequel ils vont mettre tous les éléments qui concernent leur scolarité, les formations qu’ils ont suivies, l’évolution de leur personne en tant qu’être social, en tant que futur étudiant et futur professionnel du marché. On sent qu’en milieu de Première, un grand pas a été fait et cela compte beaucoup pour eux ». Cette année, ils ont la possibilité de consulter un PRIO anglophone, Faten Milford, également professeure d’anglais au GLFL. Jusque-là, nombreux étaient les élèves qui allaient demander les services d’un ‘counselor’ en dehors de l’établissement pour les aider à préparer leurs dossiers pour les universités anglo-saxonnes réputées pour être plus complexes et plus longues dans leurs procédures. C’est en réponse à ce besoin que Faten Milford travaille désormais sept heures par semaine au service Information et

Orientation. « Nous aidons les élèves à faire traduire leurs dossiers par des traducteurs assermentés, créer leurs fichiers, leurs comptes sur les portails des universités. Les universités américaines demandent les ‘school transcripts’ de la 3e à la Terminale, les ‘predicted grades’ du bac avant l’examen, les ‘essays’ avec des ‘personnal statements’, un vocabulaire et des formalités avec lesquels les élèves doivent être familiarisés », détaille Faten Milford.

L’établissement fait aussi passer le SAT pour les Etats-Unis et l’AUB et le IELTS pour l’Angleterre. « Il existe un vrai potentiel pour les universités anglo-saxonnes au GLFL et beaucoup d’intervenants l’ont d’ailleurs senti et sont venus nous voir des universités de McGill, Ontario, Toronto jusqu’à l’école Vatel Suisse, accompagnés d’Anciens du Grand Lycée », précise-t-elle.

Les dossiers des élèves sont ouverts sur tous les pays. En 2018, 127 jeunes diplômés sont partis à l’étranger, soit la moitié d’entre eux. La France arrive en première position des demandes et des départs (pour des études en français ou un ‘bachelor’ en anglais), puis le Canada est en deuxième position, Londres en troisième avant les Etats-Unis et d’autres pays européens. La moitié des élèves qui restent au Liban continuent leurs études dans l’enseignement en français quand l’autre rejoint des universités anglo-saxonnes comme l’AUB, la LAU, la NDU et Balamand.

Pour être préparés à la vie en France, les élèves sur le départ ont pu bénéficier, cet hiver, d’un séminaire réunissant une centaine de jeunes de plusieurs établissements du réseau AEFE. Ils ont ainsi suivi une formation de six heures proposant quatre ateliers dans lesquels chaque élève s’est familiarisé avec les procédures françaises concernant « Parcoursup », les logements, les lettres de motivation et CVs, les clubs de libanais en France à contacter. Ce séminaire se poursuit au mois de juin « avec un stage d’immersion durant lequel les élèves vont vivre en communauté, à huit ou dix par chalet et apprendre à faire la cuisine, la lessive, le repassage… Ils sont très enthousiastes à l’idée de vivre ça », s’amuse Jackie Varin. Pour finir, le service familiarise les élèves avec la plateforme « Agora » qui permet aux Lycéens d’être en contact avec les Anciens des quatre coins du monde afin de connaitre leurs expériences avant le grand départ.