Accueilchevron_rightL’Olivier, Le petit journal du Grand Lycéechevron_rightParoles d’Anciens

Ces plus jeunes Anciens qui souhaitent aider leurs prochains

Ils sont de promotions différentes ; alors que certains commencent leurs études à Beyrouth, d’autres ont pris les derniers vols de Paris ou Londres où ils terminent leurs Licences pour venir auprès de leur familles le temps du confinement. En ces temps de crises financière et sanitaire, ils se retrouvent et se mobilisent, derrière leurs écrans, afin de lever des fonds et d’offrir, au travers de l’association Bala wala chi, une aide alimentaire aux familles libanaises les plus démunies. Retour sur leur démarche et les valeurs qu’ils souhaitent porter avec Jad Irani de la promo 2017, Andy Haddad et Cédric Zovighian de la promo 2018 et André Assaf de la promo 2019.

Comment a débuté votre initiative ?

Jad : Au début du confinement, j’ai vu un soir, à la télévision, Marcel Ghanem organiser une collecte de fonds pour des familles dans le besoin. Je me suis dit qu’on pouvait faire quelque chose de similaire, nous, jeunes étudiants et lycéens, à notre échelle. Au même moment, un ami sur le groupe WhatsApp du comité 2017 m’a dit que ce serait bien de faire des dons à des familles nécessiteuses suite à la crise économique et au coronavirus. J’ai donc contacté les comités des promos 2018 et 2019, le groupe des Anciens et le GLFL pour mobiliser le plus de monde possible.

Andy : Le jour où Jad m’a contactée, je parlais justement de cela avec ma mère. J’étais revenue de France par le dernier avion avant la fermeture de l’aéroport et m’inquiétais pour ces familles, déjà affectées par la crise économique, qui, à cause du confinement, ne pourraient plus sortir de chez elles, travailler et donc assurer de salaires. J’ai donc tout de suite été sensible à sa proposition.

Cédric : Je revenais aussi, pour ma part, d’Angleterre. Avec ma sœur, on se disait qu’on s’ennuyait à la maison parce qu’on n’avait rien à faire, mais que ce n’était rien par rapport à ce que vivent en ce moment ceux qui ne peuvent pas travailler, faire vivre leur famille et nourrir leurs enfants. Je pensais à un moyen d’aider depuis le début des révoltes d’octobre donc quand ma sœur m’a parlé du message de Jad, j’ai trouvé que c’était une belle initiative et que, maintenant qu’on n’avait plus grand-chose à faire, on aurait le temps de s’en occuper.

Comment avez-vous trouvé une association et avez-vous communiqué à ce sujet ?

Jad : Au début, j’ai contacté la Croix Rouge et des hôpitaux mais c’était compliqué. On a cherché des associations qui avaient le même but que nous et nous avons rapidement trouvé Bala wala chi, une association très récente mais très proche des jeunes. J’en avais entendu parler en janvier, il se trouve qu’une ancienne du lycée y travaille. Ils aident essentiellement les jeunes en difficultés à trouver du travail et envoient aux familles démunies des boîtes contenant l’équivalent d’un mois de nourriture.

André : Nous avons tous diffusé les messages dans les groupes WhatsApp des comités, de la promo, de nos amis, et sur Instagram. J’ai trouvé le retour assez positif au départ, nous avons pu récolter d’importantes sommes d’argent les premiers jours, mais ce n’est pas assez.

Cédric : On a publié des appels aux dons sur les réseaux sociaux et le bouche à oreille a bien fonctionné. Nous renvoyons les personnes vers la plateforme sécurisée Ihjoz pour les paiements, tous les fonds collectés seront ensuite distribués à l’association. Il est important que les jeunes sachent que ce type d’initiative n’est pas très compliquée à mettre en place car les associations sont assez organisées et habituées à ce genre de programme.

 

Alors que vous avez connu une année à rebondissements en tant qu’étudiants, on peut s’étonner que vous soyez préoccupés par ces enjeux…

Andy : Plus que jamais. Même vivant à l’étranger, on reste très attaché au Liban. Personnellement j’ai toujours eu de l’intérêt pour l’histoire et la politique au Liban, c’est mon pays après tout.

André : La jeunesse, aujourd’hui, est très concernée par ces problématiques économiques et sociales. En arrivant à l’AUB j’ai rencontré des gens qui voulaient vraiment aider, surtout depuis les révoltes de l’automne. Ça a été un déclic qui a réveillé une grande partie des jeunes. Certains parents parlent de la politique avec leurs enfants mais beaucoup vivaient dans leur bulle et ne remarquaient pas l’ampleur des problèmes. Le fait que les étudiants aient décidé de faire une révolte eux-mêmes, ça a rapproché les jeunes et leur a donné envie de prendre le contrôle. Le problème du coronavirus a encore plus enfoncé le peuple économiquement. Je regarde la télévision très souvent et ça fait mal au cœur de voir des familles chez qui l’eau rentre par le toit, qui n’ont pas de quoi acheter du pain, du beurre, de la farine. Tout le monde a eu une année déstabilisante, nous, nos amis et nos familles mais des gens ont été bien plus touchés que nous. Ce genre d’initiative est lancée pour appeler le peuple libanais à s’entraider.

En quoi votre parcours au GLFL vous a-t-il sensibilisé à ces problématiques ?

Cédric : Depuis qu’on est tout petit, on a toujours appris à grandir en communauté, à regarder les autres et les prendre en considération dans leurs différences. Des premières élections de délégués de classe au primaire jusqu’à l’organisation de La Course contre la Faim en terminale, on est préparé à défendre ce genre de cause. Personnellement, quand j’étais collégien, j’ai fait un stage dans l’organisation Offre joie durant lequel j’ai aidé à la reconstruction des bâtiments détruits à cause des explosions de Sassine, cela m’a beaucoup apporté.

Jad : J’ai aussi fait un stage avec Basma quand j’étais collégien et ça m’a beaucoup marqué. Le Grand Lycée, depuis le début, nous incite à participer à ce type d’action.

Andy : Notre comité de promo a récolté de l’argent pour le C­­­hildren Cancer Center, par exemple. Et, à la fin de l’année, quand on a eu de l’argent en plus, on l’a donné aux parents des élèves de notre promotion qui avaient des associations caritatives.

André : Notre comité aussi a organisé un évènement dans la cour du primaire avec des jeux, le passage du Père noël et des cadeaux avec une association qui aidaient les enfants de familles démunies. Lorsque nous avons communiqué sur les différents réseaux sociaux pour motiver nos camarades, nous avons d’ailleurs utilisé cet argument, à savoir le fait que le GLFL nous a appris à donner, être ouvert d’esprit, aider le plus possible, être là pour les gens autour de nous.

 

Où en êtes-vous dans votre démarche, aujourd’hui ?

Jad : Nous avons lancé cette initiative il y a moins d’un mois avec l’objectif d’offrir 300 boîtes, ce qui est l’équivalent de 15 millions de livres libanaises, chaque boite étant à 50.000 LL, mais chacun peut mettre la somme qu’il veut. À présent, nous en sommes à 200, il nous reste du chemin à parcourir.

Andy : J’aimerais bien, si nous sortons de la situation de confinement d’ici-là, pouvoir savoir à qui vont ces boîtes. Je suis allée sur le compte Instagram de l’association, ils parlent de familles dans le besoin, mais j’aimerais pouvoir en rencontrer et même leur donner personnellement.

Cédric : En effet, c’est toujours beau de voir le résultat d’une action que l’on mène. Ce serait bien d’entrer en contact avec ces personnes et se dire que la communauté du GLFL a pu provoquer un sourire, fournir une aide, offert un moment de répit à quelques familles dans le besoin.

Pour faire un don:

http://ihjoz.com/events/5637-covid-19-help-familied-in-need