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Dans les coulisses de la webradio

Du Marathon de Beyrouth au Salon du livre francophone, en passant par la sortie des éco-délégués « Save your face » sur la plage de Rimal : les web-reporters couvrent tous les événements scolaires, sportifs, culturels dans lesquels est impliqué le GLFL. Vêtus de leurs t-shirt bleus et armés de leurs micros et caméras, ils s’entretiennent avec les principaux acteurs des événements, en direct ou en différé, sur les réseaux sociaux et sur le portail web du Grand Lycée, pour rendre compte de la vie de leur établissement.

Quand Claudia Bou Farhat, documentaliste au CCC lycée et responsable informatique et multimédia, émet le désir, il y a un peu plus de deux ans, de réinventer la radio du Grand Lycée, il s’agit alors d’une bande musicale qu’animent une poignée de lycéens au moment de la grande récréation, sur laquelle passent les tubes du moment et quelques interviews. Sa vision à elle est bien plus ambitieuse : former une équipe pour couvrir, au quotidien, la vie de l’établissement. « J’aime beaucoup les médias et les jeunes. J’avais envie d’aider les élèves à faire entendre leur voix de façon originale, moderne et organisée, d’autant plus que, dans notre école, ils ont toute la liberté de s’exprimer », explique-t-elle. Au même moment, L’AEFE affiche la volonté de développer les webradios du réseau et propose, en février 2017, à Claudia Bou Farhat et Cliff Lteif, responsable audiovisuel du GLFL, de suivre une formation de quatre jours à Dubaï avec Gérard Colavecchio, responsable de la coordination des chargés de communication et de la stratégie numérique.

Il faut ensuite six mois pour obtenir le matériel nécessaire : « Je tenais à avoir un matériel professionnel avec de bons micros pour le studio d’enregistrement et les tournages en extérieur, une tablette de mixage, et le logiciel Audio City », affirme Cliff qui, avec Claudia, commence à former une première équipe d’élèves pour la rentrée 2017-2018.       « J’étais en Seconde lorsque j’en ai entendu parler pour la première fois de la web-radio, confie Sarah qui vient de décrocher son baccalauréat. Nous étions en juin et une feuille est passée dans les classes par le biais des professeurs principaux en demandant à ceux qui étaient intéressés par la webradio de donner leur nom au CCC. J’ai tout de suite été tentée et me suis inscrite ».

Un démarrage sur les chapeaux de roues

Au mois de septembre 2018, les premiers inscrits ne le savent pas encore, mais Claudia vient d’être contactée par les organisateurs du Salon du livre francophone de Beyrouth pour couvrir l’événement. « On m’a dit que Gérard Colavecchio allait être présent et qu’il fallait être prêt à animer des directs », se souvient-elle. Dans l’urgence, des élèves de Terminale passent dans la cour, haut-parleur à la main, pour faire un appel aux volontaires. Une trentaine d’élèves viennent assister à la présentation de Claudia dans l’amphithéâtre et se lancent quelques jours plus tard au Salon du livre : « Les lycéens étaient une douzaine et les collégiens une trentaine. C’était l’occasion d’évaluer leur motivation, leurs compétences et de voir qui souhaitait vraiment s’engager avec nous », explique la responsable.

Une formation au jour le jour

Suite à cela, « nous avons mis le studio en place, note Cliff. Nous avons obtenu des enregistreurs audio d’abord puis, une salle et enfin, le mur vert pour la webtv que nous développons en ce moment. À chaque nouvelle acquisition, je forme les élèves ». Courant 2018, les lycéens visitent les locaux de Light FM et rencontré l’animateur Tanguy pendant que les collégiens se rendent à Virgin Radio rencontrer Zeina : ils peuvent observer comment se déroule une émission radio et poser des questions en direct. Cette année-là, les élèves bénéficient également d’une formation avec Thierry Riera, le responsable des webradios du réseau Mlf, durant laquelle ils rencontrent des webreporters d’autres établissements et se font ainsi une idée plus précise du format que pourrait avoir une émission hebdomadaire ou mensuelle au Grand Lycée. « Les élèves ont profité de peu de moments de formation, regrette Claudia, mais comme nous sommes très sollicités pour couvrir toutes sortes d’événements, cela leur permet de pratiquer et d’apprendre de leurs erreurs sur le terrain, comme parler correctement chaque langue sans les mélanger et avec le bon accent ».

De nouveaux élèves, interpelés par le dynamisme et l’implication des webreporters, rejoignent au fil des mois l’équipe : « Le premier contact que j’ai eu avec les reporters, c’était pendant la soirée de la remise des diplômes du brevet, raconte Alexandre en 2D7. J’ai vu des élèves interroger des candidats et j’étais intrigué. Je pensais que c’était réservé aux Terminales mais Claudia m’a expliqué que je pouvais intégrer la webradio, ce que j’ai fait immédiatement ».

« L’année dernière, j’ai été interviewée au sujet de notre classe verte, explique Anaïs en 6E. J’ai dû écrire un petit texte à lire puis, je suis allée à la régie pour répéter. J’ai découvert que le passage à la radio n’était pas quelque chose de facile et j’ai voulu apprendre ».

 

 

 

À chacun sa mission

Il y a un an, suite à la formation de Thierry Riera, les élèves présentent leur première émission radio et parlent de sujets qui les intéressent et qu’ils ont travaillés pendant l’année, avec plusieurs invités : le

patrimoine, les animaux, le sport… Comme chaque émission depuis, elle est filmée en direct et diffusée sur le portail web du GLFL, sur Facebook et sur Instagram. Il arrive aussi qu’elle soit reprise par l’AEFE ou la Mlf. Puis, tout au long de l’année scolaire 2018-2019, l’antenne est consacrée aux classes du primaire: « J’ai donné le programme vierge aux enseignants et ils l’ont rempli. Ils ont préparé les textes que j’ai adaptés à l’écriture radio. Nous avons ainsi produit des émissions réalisées et animées par les élèves, des GS aux CM1. Voir des enfants si jeunes s’emparer du matériel pour animer une émission en direct était très touchant ».

Afin de repartir au mieux les tâches, les collégiens s’occupent désormais de couvrir les événements en interne comme Anaïs qui a travaillé sur la semaine de la presse et l’exposition ‘Mon école et un musée’, et les lycéens de couvrir les événements extérieurs : « Il faut gérer l’emploi du temps, prévenir les parents et la vie scolaire, avoir l’autorisation de sortie. C’est plus simple avec les lycéens car il s’agit souvent de sorties l’après-midi et en soirée », précise Claudia. Au printemps dernier, deux lycéens sont même allés couvrir le Congrès annuel de la Mlf, à Paris : « C’était la cerise sur le gâteau pour les élèves ! », s’exclame la responsable. « Le fait de voyager pour la webradio, de rencontrer les reporters de sept pays différents et de faire des directs avec un équipement professionnel et un coach qui nous guidait était une expérience exceptionnelle », affirme Alexandre. « Nous avons travaillé en binôme avec un webreporter d’un autre pays et nous nous sommes répartis les invités afin que chaque binôme travaille sur trois émissions, continue Yara en 1S3. J’étais avec un espagnol, nous avons préparé nos questions dès le départ et les avons ajustés selon les thèmes des conférences et ce qui se passait au jour le jour ». « Nous avons toujours cette impression que les autres sont mieux que nous, remarque Claudia, et cette occasion nous a permis de nous comparer à d’autres webradios. J’ai remarqué que nos élèves étaient prêts, réactifs, talentueux. Ils ont été assez sérieux et solides pour supporter le rythme très soutenu et la grandeur de la Cité universitaire, et être à la hauteur de la qualité des intervenants ».

Un épanouissement pour les élèves

« J’aime connaître les événements qui se déroulent à l’école, affirme Anaïs. J’apprends plein de choses, c’est ce qui me plait le plus dans cette aventure ». Ce qu’elle préfère, comme Alexandre, c’est le travail de reporter : « Cette activité m’apprend à bien rédiger et formuler des questions, travailler efficacement sous la pression du direct » explique le lycéen. Ce qui plait encore plus à Yara, c’est la coopération entre élèves : « Ce n’est pas une équipe, c’est une famille. Même si nous avons des âges très différents de la 6e à la Terminale, nous sommes tous devenus amis ».

Hormis l’expérience de journaliste et le développement de la culture générale, cette expérience permet aussi à certains élèves réservés, comme l’était Yara, ou ayant des difficiles scolaires, d’être valorisés dans leur travail et ainsi de rétablir leur estime et leur confiance en eux. « Il y a des élèves dyslexiques à l’écrit qui s’avèrent être très à l’aise à l’oral, remarque la responsable. Un reporter de l’équipe est un élève à besoin particulier. Il se trouve que devant la caméra ou le micro, c’est une autre personne, pertinente, à l’aise… Cet élève s’est entretenu avec M. Deberre et M. Perret lors du Salon du livre et m’a remercié de lui avoir donné cette chance, cette responsabilité. Cela l’a beaucoup motivé par la suite et leur engouement pour la radio me motive aussi ».

Enfin, pour certains, cela fait naître des vocations. Sarah a, par exemple, suite à cette expérience, changé ses choix d’orientation :      « Je viens d’une famille très scientifique. Quand j’ai intégré la webradio, j’ai rencontré des gens de divers horizons : des professeurs, des avocats, des médecins, des diplomates, des artistes, des auteurs, des chargés de communication… Cela m’a permis de découvrir des métiers alors que nous avons peu l’occasion de le faire au lycée. Du coup, j’ai changé mon plan de carrière. Moi qui voulais être ingénieur chimiste, j’intègre une école de commerce pour ensuite travailler dans les médias ». Cette année, la web-radio a été sollicitée pour plus d’une cinquantaine d’événements. Un nombre qui va encore augmenter  selon les responsables qui espèrent pouvoir davantage collaborer avec les professeurs de l’établissement afin de concevoir des émissions au collège et au lycée. A côté de cela, la priorité est mise sur la formation : « Nous aimerions leur apprendre comment tenir le micro pour donner la parole, bien préparer le titre de la personne, adopter la bonne posture devant la caméra, travailler leur niveau de langue, faire du montage vidéo, conclut Claudia Bou Farhat. Nous espérons aussi pouvoir inaugurer le studio avec nos invités, ceux qui les ont formés mais aussi les parents, le proviseur, les Terminales lors d’une émission spéciale ». Pour finir, un voyage est prévu dans un établissement de Dijon dans le but d’élaborer des projets de webradios franco-libanais et un autre, à Paris, afin de couvrir la finale d’Ambassadeurs en herbe en 2020-2021.

 

Reportage réalisé au printemps 2019.