Accueilchevron_rightL’Olivier, Le petit journal du Grand Lycéechevron_rightLe dispositif d’échanges scolaires ADN-AEFE

Deux élèves, deux lycées, deux pays : une expérience

Le dispositif ADN, lancé il y a deux ans par l’AEFE, permet à des élèves en classe de Seconde d’effectuer un échange durant l’année scolaire dans un autre établissement du réseau. En s’immergeant ainsi pendant plusieurs semaines dans un nouvel environnement familial, scolaire, culturel et linguistique, les élèves enrichissent leur parcours éducatif tout en bénéficiant d’une continuité dans les apprentissages. Retour sur les expériences des cinq élèves du GLFL ayant participé à cette aventure en 2019.

Alors que la 2D7 débute, ce matin-là, son cours d’Histoire-géographie au troisième étage du bâtiment C, une nouvelle élève, Crysta, cambodgienne, entre dans la salle, le regard hagard. Reem, élève du Grand Lycée, lui emboite rapidement le pas et lui indique où elle peut s’asseoir. Toutes les deux se sont lancées, ensemble, il y a quelques mois, dans l’aventure ADN-AEFE : « Dès que j’ai entendu parler du programme ADN, je me suis tout de suite inscrite, explique Reem, car j’aime beaucoup voyager, surtout dans des pays où les cultures sont complètement différentes de la mienne. Je voulais aussi mettre à l’épreuve

Je voulais aussi mettre à l’épreuve mon autonomie ». « C’est surtout le fait de voir comment vivent les gens ailleurs qui m’a tenté, complète Manon, en 2D2 qui, elle, est allée à Palma de Majorque, en Espagne. J’avais envie de changer de vie complétement pendant un mois avec une nouvelle école, une nouvelle famille, dans une nouvelle ville et faire de nouvelles rencontres ».

Trouver chaussure à son pied

Cette initiative a commencé l’année dernière dans le monde mais c’est en 2019 que le GLFL y a participé pour la première fois avec cinq élèves de Seconde. A cet âge-là, ces élèves peuvent avoir une maturité suffisante pour s’adapter à un nouvel environnement et être acteurs de ce projet d’ouverture culturelle et linguistique. De plus, la seconde n’étant pas une classe à examen, la mise en œuvre de l’échange s’en trouve facilitée. « Nous avions déjà mis en place des échanges de ce type mais pas dans le cadre du dispositif ADN, explique Sandra Pardo, proviseure adjointe au lycée. L’année dernière, par exemple, deux élèves ont participé à des échanges pour lesquels les parents avaient fait toutes les démarches nécessaires. Nous avions juste validé la convention ». Cette fois encore, c’est la famille qui finance le voyage de son enfant et accueille son binôme mais l’établissement scolaire est impliqué dans l’accompagnement et l’organisation. « La Convention type ADN-AEFE couvre les engagements de part et d’autre et nous traitons ce voyage comme tout autre voyage scolaire. Au final, c’est l’établissement qui est responsable et c’est pour cela que nous sommes regardants et exigeants sur le choix des familles d’accueil à l’étranger », affirme Sandra Pardo.

Suite à la réunion d’orientation des élèves de Seconde avec les parents, au mois de janvier, sept élèves intéressés se sont manifestés. La première étape, pour eux, a été de s’inscrire sur Agora pour lancer leurs candidatures en deux étapes : sur la plateforme et dans l’établissement, en fournissant chacun un dossier rempli avec sa famille dans lequel l’élève a répondu à des questions, entre autres, sur ses motivations. Puis, une commission réunissant Sandra Pardo, le professeur principal de l’élève et Jackie Varin, la conseillère d’orientation, a décidé s’il pouvait s’absenter plusieurs semaines de son cursus au GLFL pour intégrer un autre établissement et revenir ensuite sans que celui nuise à ses études. « La difficulté est d’assurer la continuité, note la proviseure adjointe lycée. C’est pour cela que nous sélectionnons les candidats, pas tant les résultats scolaires mais sur la maturité et la capacité d’adaptation. Ceux qui partent doivent être très autonomes et ne pas avoir besoin que les parents ou l’établissement soient derrière eux pour leur faire rattraper des cours ». Ainsi, sur les sept élèves qui se sont manifestés, l’échange a été estimé trop risqué pour l’un d’entre eux, et un autre n’a pas trouvé de binôme. Cinq ont ensuite opté pour la formule « duo » plutôt que « solo ». En duo, chaque élève part quatre semaines chez son correspondant et accueille son binôme quatre semaines au Liban. En solo, chacun change d’établissement pour huit semaines mais les deux correspondants ne se croisent jamais. « En février, les élèves se sont positionnés sur la plateforme sur laquelle nous leur avons conseillé de cocher ‘le monde’ pour avoir le plus de possibilités et propositions possibles, explique Jackie Varin. Chacun donne aussi des informations sur ses dates, ses loisirs, sa vie quotidienne… Pendant trois jours, l’algorithme se sert de ses données pour faire correspondre des élèves qui ont les mêmes profils entre eux. Quand le binôme est trouvé, ils prennent contact et voient les atomes crochus. Ils confirment alors qu’ils s’étendent bien ou ils se désistent ». Sandra Pardo insiste pour qu’ils livrent le plus possible d’informations au sujet de leur vie personnelle et leur quotidien : « tout ce qu’ils font à la maison, combien de temps il passe devant la télévision, quelles sont leurs activités, à quelle heure ils mangent, est ce qu’ils ont le droit de sortir… Ainsi, quand l’enfant part, les familles savent que le rythme de leur famille d’accueil correspond à peu près au leur, cela les rassure. Il nous est arrivé d’écarter une famille dans laquelle l’élève, là-bas, n’avait pas le même style de vie que l’élève ici ».

Découvrir une autre culture

Arrive le jour du départ. Reem avait quelques appréhensions avant d’arriver à Phnom Penh : « J’avais peur d’avoir du mal à m’intégrer dans l’autre école ou que les gens soient racistes. D’autant plus qu’en Asie, cela se voit tout de suite que je suis étrangère ». Cela s’est finalement très bien passé pour elle. Accompagnée par Crysta, elle a pu y découvrir tous les aspects de la vie quotidienne cambodgienne et un nouvel établissement :      « J’ai aimé que leur école soit très différente de la nôtre, elle est beaucoup plus petite donc tout le monde se connait. J’ai aussi beaucoup aimé découvrir la culture asiatique que je ne connaissais pas du tout et qui m’a très agréablement surprise ». Pour Noa, en 2D2, qui est allé à Madrid, cela a été l’occasion de percevoir aussi une nouvelle culture : « Je me suis très vite habitué à la vie là-bas, à part peut-être à la tortilla ! J’ai aussi découvert un nouveau sport que je pratique maintenant tous les jours ici, le skate-board ».

Vivre à l’étranger, c’est aussi faire des rencontres et être confronté à une autre vision du monde, explique Manon : « À Palma, j’ai trouvé les gens très intéressants et leur mentalité plus ouverte qu’ici. Le fait d’être sur une île était une superbe expérience et je me sentais en vacances tous les jours, j’avais du mal à me dire que pour eux, tout ça était normal ». La rencontre qui les a tous le plus

marqué est leur binôme qui est également venu au Liban et avec qui ils sont tous restés en contact suite à l’échange. « Ma famille d’accueil était très ouverte et nous dinions toujours ensemble, je me sentais à l’aise avec eux. Je considère mon expérience réussie surtout grâce à ma correspondante qui a toujours était présente à mes côtés ici et là-bas. J’ai eu une chance incroyable d’être tombée sur une telle personne car rester avec quelqu’un 24h/24 pendant deux mois est intense », note Manon qui a déjà prévu de revoir Neus l’été prochain.

Un contact quotidien avec l’équipe scolaire

Lorsque l’élève part, il est muni de sa fiche pédagogique qui montre la progression dans chaque matière. Quand il revient, il montre à ses professeurs ce qu’il a fait pendant un mois. « Parfois, cela ne colle pas tout à fait à ce qui s’est fait ici, cela demande un ajustement, mais c’est cela aussi la richesse de l’échange », pense Sandra Pardo. Jackie Varin qui a, en grande partie, piloté ce projet, s’assurait que les élèves du GLFL étaient suivis à l’étranger : « J’ai eu des rendez-vous nocturnes avec la référente ADN au Cambodge puisque ma journée ici, c’était sa nuit là-bas et vis-versa ! », se souvient-elle. Elle veillait aussi à ce que les élèves gardent contact avec leurs camarades de classe pour ne pas être dépassés à leur retour. « J’avais des appels et messages réguliers avec les élèves, surtout avec les filles qui m’ont envoyé des petits films lors de leurs activités et du trajet école-maison, explique la conseillère d’orientation. Noa, malheureusement, je ne l’ai eu qu’une fois au téléphone en deux semaines. J’ai eu beau lui conseiller de rester en contact avec quelqu’un de sa classe pour rester dans l’ambiance et reprendre le train en marche en revenant, cela n’a pas été suffisant. Il a été un peu déphasé », regrette-t-elle.

L’intégration des nouveaux arrivants

Lorsque les élèves étrangers arrivent, à leur tour, au GLFL, ils intègrent la classe et le programme de leur binôme pour la durée de leur séjour. « Nous les rencontrons tous, le jour où ils arrivent, indique Sandra Pardo. Il s’agit donc d’un accueil perlé et informel. Ils sont ensuite guidés par leur binôme ». « Les élèves ont tous été très attentionnés avec leurs correspondants et ont su apaiser leur stress à la découverte de la taille de l’établissement ou encore la panique des devoirs communs ! », s’amuse Jackie Varin qui envoie les dernières notes de Jalil à Ankara, en Turquie: deux 15/20 qui intégreront son bulletin du troisième trimestre.

Neus, la binôme espagnole de Manon repart très satisfaite de son séjour : « Au départ, j’avais choisi d’aller en Asie, pas spécialement le Liban, mais je suis ravie de mon expérience ici. J’ai adoré l’école et les installations, j’ai moins aimé les horaires. En Espagne, on commence les cours une heure plus tard, cela fait une différence ! ». Itzhac, le binôme de Noa a également beaucoup apprécié son passage au Liban est a trouvé « les gens très accueillants et agréables ».

Au vu de la réussite de cette première expérience pour le GLFL, la direction et le service d’orientation préparent déjà les prochains échanges. « Tout le monde est enthousiaste ! s’exclame Sandra Pardo. L’année prochaine, cela va prendre beaucoup plus d’ampleur. Culturellement, linguistiquement, c’est très riche et en termes de construction d’un réseau c’est extraordinaire. Il y avait jusque-là la plateforme Agora qui existait mais qui est virtuelle, l’idée est de mettre un peu de lien réel là-dedans ».    « Pour le réseau c’est très bien, pour les enfants c’est exceptionnel », conclut Jackie Varin. En effet, pour les élèves, cela est « une expérience inoubliable qui devrait être offerte à tout le monde », affirme Noa. « Elle permet de découvrir un pays du point de vue des habitants, de devenir plus autonome et responsable, et de créer des souvenirs et des amitiés inoubliables », ajoute Reem.

 

Reportage réalisé au printemps 2019