Accueilchevron_rightL’Olivier, Le petit journal du Grand Lycéechevron_rightABAAD, anciens, Cynthia Daher, femmechevron_rightParoles d'anciennes : Cynthia Daher, une Lycéenne

On peut avoir passé 2 ans au GLFL et se sentir « Lycéens », c’est sûr. Cynthia Daher elle, c’est sa scolarité entière qu’elle a vécu au GLFL (à l’exception de 2 années entre-coupées ici et là à cause de la guerre) depuis son année de petit jardin (la ps de l’époque) jusqu’à la terminale. Donc c’est vous dire le sentiment d’appartenance qu’elle a !

Une Lycéenne, une vraie de vraie, qui a aujourd’hui pris également la décision de placer ses deux petites filles de 5 et 3 ans au sein de l’école maternelle du GLFL.

 

 

 

Cynthia est de la promo 1998, quelques années après la fin de la guerre civile de 1975.

Aujourd’hui si nous avons voulu la présenter dans cette rubrique, ce n’est pas parce qu’elle a reçu le Prix Nobel ou le Pulitzer (mais qui sait peut-être un jour !) mais parce qu’elle représente à tous les niveaux cette génération de Lycéennes, de Lycéens, fiers de leur appartenance et pour qui ce parcours au sein du GLFL a clairement eu un impact dans leur choix de vie et de carrière.

Avec un bac ES en poche et 4 années passées à l’USJ en faculté de sciences économiques et sociales, Cynthia s’envolera pour une école de commerce à Lyon puis fera un début de carrière à Paris au sein de grands groupes internationaux tel que L’Oréal. Assez classique pour sa génération.

Elle rentrera à Beyrouth au milieu des années 2000. C’était une période de grands drames pour le pays, mais aussi une période d’espoir, où l’on sentait encore que tout était possible.

Assez rapidement Cynthia se tourne vers le monde associatif et des ONGs. Et c’est dans cette voie qu’elle va s’épanouir.

« Ce que je garde de mes années au GLFL c’est cette flexibilité de pensée, cette ouverture d’esprit que je n’aurai pas eu dans un autre établissement. C’est cet environnement, plus que les apprentissages pédagogiques à proprement parler, qui a forgé en moi une certaine curiosité vers l’Autre, une envie d’aller vers des choses différentes vers des cultures autres.» C’est également selon elle certainement cela aussi qu’il l’a aidé à avoir une certaine facilité d’adaptation.

Elle travaillera longtemps au Liban avec USAID sur des projets locaux. Oui sa langue professionnelle est depuis pas mal de temps l’anglais mais à aucun moment dans sa carrière elle n’a regretté d’avoir fait son école en langue française : c’est parce qu’elle a appris à bien maîtriser la langue française, que sa maîtrise en langue anglaise est arrivée facilement.

Aujourd’hui, elle met tout son talent de communicante et marketeuse au service d’une cause qu’il lui tient à cœur. Elle travaille depuis quelques temps chez Abaad. Abaad est une ONG qui lutte pour l’égalité des genres. Ils nous ont habitués à de nombreuses campagnes chocs : pour condamner la loi qui permettait à un violeur d’être disculpé si il épousait sa victime, pour dénoncer la culture du viol encore très forte dans notre pays, pour permettre l’accès à la justice aux femmes et personnes victimes etc. 

Le respect de l’autre, c’est aussi quelque chose qui a marqué Cynthia quand on lui demande ce qui lui reste de ses années GLFL. Elle me dit qu’elle n’a jamais eu à assister à un traitement différent de la part du corps enseignant ou de la direction parce qu’elle n’était pas un garçon. Et elle est reconnaissante d’avoir pu bénéficier d’une éducation ouverte, respectueuse de l’autre, au sein d’un établissement qui accueillait, relativement (à l’échelle d’un pays comme le Liban), une importante mixité sociale, religieuse et même internationale.

Est-ce grâce à tout cela qu’elle est aujourd’hui chez ABAAD ? Pas uniquement, pas directement, mais l’esprit critique que son école lui a forgé, les apprentissages (académiques et autres) qu’elle a connus l’ont amenée pas à pas vers cette carrière.

On pourrait penser qu’une scolarité au sein d’un établissement à double culture, utilisant comme langue principale le français éloigne les enfants libanais de leurs racines et de leur patrimoine local. Cynthia nous prouve bien le contraire : des années à travailler sur le terrain rural partout sur le territoire libanais. Et aujourd’hui avec une ONG qui lutte quotidiennement pour une meilleure égalité dans notre pays.

Les chiffres des violences domestiques depuis le confinement et la crise sanitaire sont glaçants. Une augmentation fulgurante paraît-il.

Cynthia tient à nous rappeler que des solutions existent. Des associations et des ONGs peuvent venir en aide que l’on soit victime ou témoin. Certaines organisations proposent même des centres d’accueil pour extraire les victimes de leur milieu familial si cela est nécessaire. Ne pas hésiter à en parler, à alerter. Ne plus se taire. Aller voir les forces de l’ordre, se rapprocher de ces organisations qui font un travail terrain incroyable. (voir encadré)

Cynthia nous rappelle également qu’une loi pénalisant le harcèlement a été votée en décembre dernier. Harcèlement physique ou moral, cyber-harcèlement sur adultes ou mineurs. Un recours légal existe aujourd’hui et on ne le dit pas assez.

Nous sommes fiers au GLFL, de compter parmi nos anciens, des femmes et des hommes comme Cynthia, qui, tous les jours, œuvrent petit à petit pour un meilleur avenir au Liban, plus juste, plus égalitaire, plus solidaire.

 

Propos recueillis par Dima El Kurdi