Accueilchevron_rightL’Olivier, Le petit journal du Grand Lycéechevron_rightLa fête de la science

La fête de la science

Des activités ludiques en blouse blanche

La Fête de la science, c’est dix jours de manifestations gratuites partout en France et dans les établissements français de l’étranger, organisés par le Ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, en lien avec de nombreux acteurs du paysage scientifique et culturel. Au GLFL, destinée aux élèves du CP au CM2, cette édition est placée sous le signe de l’espace, de l’avenir et de l’expérimentation scientifique.

La fête de la science est née, en 1992, du désir d’Hubert Curien, un cristallographe alors Ministre de la Recherche et de l’Espace en France, de vulgariser la science. Il souhaite faire en sorte qu’il y ait des échanges avec les chercheurs afin de faire accéder le plus grand nombre à ce questionnement : à quoi servent les sciences ? Pendant plusieurs années fêtée durant une journée, elle s’est étendue sur une à deux semaines en s’invitant à l’école. Pour cette troisième édition au GLFL, le thème est d’interroger les élèves sur la manière dont ils se représentent l’avenir. « Cela est vraiment une fête, donc les activités et ateliers proposés peuvent être extérieurs au programme, précise Christine Vandromme, directrice du cycle 3. L’objectif est que les élèves soient au contact de la science sous diverses formes ».

Découvrir l’espace, concevoir l’avenir

Cette fête s’organise, courant novembre, autour de 3 pôles. D’une part, les deux cosmic-dômes dans la cour de récréation sont accessibles à toutes les classes du primaire, du CP au CM2, pour une durée d’une demi-heure par demi-groupe. Il s’agit de « planétariums gonflables » dans lesquels sont projetés des films qui parlent de l’espace. « Nous avons choisi les films avec les animateurs, dont M. Abbas, qui sont à la fois francophones et anglophones et qui commentent ce que voient les élèves », explique la directrice. D’autre part, en salle J109, sont proposées une exposition de photographies sur l’espace ainsi qu’une animation sur le même thème pour les classes du CE2 au CM2. Pour finir, en salle F001, ces mêmes 720 élèves peuvent faire diverses expériences à travers cinq ateliers animés par des intervenants de l’organisme « crazy professor » dont Rodolphe Tannous, également professeur de Sciences de la vie et de la terre et coordinateur du cycle 3 au Grand Lycée. Les classes sont divisées en cinq groupes de six élèves qui passent 20 minutes dans chaque atelier.

 

Manipuler, expérimenter, vérifier ses hypothèses

Le premier atelier s’intéresse à l’identification des molécules dans les aliments. « Les élèves vont saisir le concept de molécules nutritives, précise Rodolphe Tannous, découvrir les glucides, les lipides et les protides ». En travaillant sur la pyramide alimentaire, et à l’aide de lunettes et de gants, ils font des tests au cours desquels ils mettent en évidence l’existence de ces molécules dans certains aliments. « Ils prennent des noix et les frottent sur un papier. En observant la tâche translucide, ils constatent qu’il s’y trouve des lipides ». Un autre test de biuret met en évidence l’existence de protéines : « ils mettent quelques gouttes de la solution de biuret sur un extrait de l’aliment et si la coloration vire au violet, cela veut dire que des protéines existent dans cet aliment-là ».  Enfin, pour travailler sur les glucides, « nous prenons de l‘amidon qui est un sucre complexe et mettons en évidence son existence dans les bananes, la pomme de terre et le pain avec l’eau iodée jaunâtre qui vire au violet en sa présence ». Le deuxième atelier est consacré à la séparation des mélanges au programme de science du cycle 3. « Les élèves mettent en œuvre un protocole de séparation de constituants d’un mélange hétérogène en utilisant des techniques de décantation, filtration, évaporation, et du matériel comme des béchers, des entonnoirs, des papiers filtres, des éprouvettes », explique le professeur. Le troisième atelier concerne l’extraction du pigment vert des plantes, la chlorophylle. Un intervenant aborde son rôle et les élèves en effectuent une extraction. « Nous leur proposons des épinards riches en chlorophylles, et ils en font le broyage et suivent un protocole pour l’extraire ». Le quatrième atelier propose aux élèves de s’initier aux fouilles archéologiques. « A l’aide d’outils comme les pinceaux, les élèves apprennent des techniques de fouille, explique le professeur. Nous avons construit un bac avec du sable, des fossiles, de la poterie, des pièces de monnaie qu’ils peuvent chercher et extraire ». Cet atelier aborde aussi la classification scientifique des êtres vivants et fossiles. Enfin, dans un cinquième et dernier atelier intitulé ‘objet technique et signal’, les élèves sont amenés à imaginer et réaliser des solutions techniques en effectuant des choix de matériaux et des moyens de réalisation à partir de kits électromécaniques. « En construisant une machine à partir d’assemblages, ils comprennent les concepts d’alternateurs, d’interrupteurs et de sources d’énergie », note Rodolphe Tannous.

Ce qui est travaillé et mis en valeur au travers de ces tâches est la démarche expérimentale : après observation, l’intervenant pose une problématique qui va inciter les élèves à proposer plusieurs hypothèses qu’ils confirment ou rejettent à partir des expériences qu’ils réalisent, pour en sortir une conclusion. « Le bulletin officiel du cycle 3 annonce clairement des compétences expérimentales qui ne sont pas forcément travaillées avec tous les élèves en classe entière ou demi-groupe. Parfois, certains élèves n’ont pas la chance de manipuler et cette fête est l’occasion pour chacun de mettre la main à la patte », conclut le professeur de Sciences de la vie et de la terre.

Communiquer autour de ses expériences

À la fin de ces ateliers de découverte et d’expérimentation, les élèves doivent remplir une fiche d’évaluation pour voir ce qu’ils ont retenu : « le but étant d’expérimenter, manipuler et communiquer autour de ces expériences avec ses professeurs et ses pairs », précise Christine Vandromme.

Les élèves parlent finalement des différents travaux qu’ils ont pu réaliser lorsqu’ils reçoivent les parents pendant la Semaine des lycées français du monde. La directrice du primaire espère aussi que cela puisse faire naître des passions et même susciter des vocations chez les jeunes et notamment les jeunes filles. « Pourquoi s’aperçoit-on que les filles sont très à l’aise avec les matières scientifiques au primaire et embrassent ensuite moins les carrières scientifiques que les garçons ? » s’interroge-t-elle. De la même façon, Rodolphe Tannous espère qu’en éveillant les élèves à la discipline scientifique, cette fête puisse les encourager à poursuivre des études scientifiques, « ces moments de rassemblement et d’éveil autour des disciplines scientifiques permettent de travailler l’orientation dès les premières classes », fait-il remarquer. Pour les élèves qui peinent parfois à se concentrer en cours ou à apprécier ce domaine, le côté expérimental permet de les engager et donc de les intéresser. « Les élèves sont curieux, exaltés pendant cette semaine-là car ils sortent de la traditionnelle leçon de sciences sérieuse en classe pour aller vers le ludique et le plaisir d’apprendre et de découvrir, d’expérimenter par eux-mêmes », se réjouit Christine Vandromme.

Défendre des valeurs de partage

Quatre valeurs sont portées par cette fête de la science. Le partage, tout d’abord, car elle permet à l’élève et au citoyen d’échanger avec la communauté scientifique en découvrant et questionnant des savoirs, des techniques, des innovations et en laissant place sur des enjeux sociétaux. La créativité, ensuite, à la base des activités des chercheurs et des médiateurs, qui permet de s’adapter, concevoir des formats ou des recherches innovantes, de réaliser des projets et des découvertes inattendues. « Il est important de faire comprendre aux élèves que les Sciences, l’Art, la Littérature, tout cela va ensemble parce que nous aurons besoin, pour demain, de citoyens créateurs, novateurs, imaginatifs », affirme Christine Vandromme. À travers un projet sur la mythologie cellulaire dans lequel les élèves, à partir de cellules observées au microscope et photographiées doivent créer en Arts plastiques un personnage et accompagner ce processus d’un texte, « nous faisons en sorte que les élèves soient capables de verbaliser autour de la création et de mettre en avant un point de vue critique sur leur travail et leur démarche ». D’ailleurs, la troisième valeur portée par cette fête est la responsabilité : avec humilité et détermination elle renforce la confiance des citoyens en la science et encourage au développement de l’esprit critique. La dernière valeur diffusée par cette fête est la convivialité, indispensable pour permettre un dialogue constructif et pour favoriser les échanges entre scientifiques et citoyens. « Le scientifique est perçu, un peu la maitresse qui serait dans sa classe jour et nuit et écrivain qui aurait reçu le don d’écrire on ne sait d’où, comme un être en blouse blanche tout le temps dans son laboratoire. Cette fête permet aussi de casser le mythe et de découvrir des métiers en les rendant accessibles. Jouer au scientifique, mettre en place une démarche scientifique dès le plus jeune âge, c’est indispensable », conclut la directrice.