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Ce qu’il est beau mon labo !

Exploration des deux laboratoires du GLFL

C’est un endroit du GLFL dans lequel les non-scientifiques n’osent pas s’aventurer. Est-ce par peur d’être dissous par une dangereuse solution chimique ou de se faire poursuivre par une armée de rats de laboratoire ? Est-ce pour ne pas déranger des chimistes plongés dans leurs mystérieuses potions ou des biologistes transportant du bout des doigts de fragiles lames jusqu’à l’œil curieux du microscope ? Brisons le mythe de l’inaccessible technicien de laboratoire et partons à la rencontre de Rana Kabalan, Raghda Kayal, Elie Jbara et Boutros Mehanna qui, à seulement eux quatre, portent les travaux pratiques de tous les collégiens et lycéens de l’établissement.

Un ballon tricorne, un entonnoir, un réfrigérant à boules, des éprouvettes graduées, une fiole jaugée, un thermomètre, des béchers, un tuyau souple : Elie Jbara, dans le laboratoire de physique-chimie, arrive au bout de sa préparation des bacs pour les prochaines Olympiades de chimie des élèves de terminales. Il est 7h du matin, et les techniciens sont déjà sur les chapeaux de roues. À l’étage en dessous, au laboratoire de Sciences de la vie et de la Terre, Raghda Kayal sort les chariots pour amener le matériel de dissection dans une salle de cours avant la sonnerie : « tout doit être prêt quand les élèves entrent, explique-t-elle. Le matériel doit se trouver prêt à l’emploi sur chaque paillasse avec les fiches de travail ». Pendant ce temps, sa collègue Rana Kabalan fait le point avec un professeur sur un TP d’identification des éléments glucides et lipides car, en plus de préparer les travaux pratiques (TPs), plusieurs de ces techniciens enseignent à des classes de collège. Ils ne partiront ensuite qu’à 18h parfois, car ils sont également chargés de vérifier et ranger le matériel après utilisation, et certains élèves de la filière scientifique continuent leurs manipulations jusque tard dans l’après-midi.

 Un travail d’orfèvre

Le GLFL dispose ainsi de deux pôles de préparation et plusieurs salles de labo, un petit luxe pour un établissement scolaire, comme se plait à le rappeler Elie Jbara : « le laboratoire dont nous disposons au Grand Lycée par rapport à d’autres établissements, c’est du haut de gamme, autant au niveau de l’espace, que de la quantité de produits, que du matériel. C’est le même niveau de laboratoires qu’ont les universités au Liban ». En effet, celui de Sciences de la vie et de la Terre, dispose d’une salle de préparation, une salle de travail, une salle proposant divers logiciels « pour, par exemple, prendre la teneur de l’oxygène et du CO2 durant la respiration », explique Raghda Kayal, un dépôt avec, entre autres « des verreries rangées pour éviter d’amasser la poussière », précise Rana Kabalan, des microscopes optiques et micro-polarisants, des roches ou encore, la petite fierté de ces deux passionnées de biologie : un petit vivarium dans lequel elles récupèrent les diverses plantes qui ont servi à des TPs afin qu’elles poursuivent leurs douces retraites dans la salle la plus lumineuse du laboratoire.

À l’étage du dessus, le laboratoire de physique-chimie n’a rien à leur envier. Dans la salle de physique, tout est réparti selon le genre. « Nous avons une partie pour le son avec des haut-parleurs des microphones, des guitares, une autre pour l’optique avec des loupes, des lampes, et une autre pour l’électricité où l’on range les générateurs, consôles », présente Boutros Mehanna, technicien au GLFL depuis 27 ans, avant de s’assoir à la table de réunion où ils se retrouvent, avec Elie Jbara, une fois par semaine pour faire le point sur les TPs et le matériel. Côté chimie, c’est ce dernier qui prend le relais car, il le dit lui-même, c’est « son dada ». Il vérifie régulièrement le fonctionnement de la machine à glace, celle pour l’eau distillée, la hotte sous laquelle il « établit des préparations dangereuses ou bien est confronté à des vapeurs toxiques », en respectant scrupuleusement les normes de sécurité, et la salle où sont préservées les préparations. « Pour ne pas avoir à faire une solution de soude à une mol par litre à chaque cours, elle est déjà préparée et nous fournissons un flacon avec un compte-gouttes à chaque binôme d’élèves ». A côté d’elle, trônent les solutions mères : « Ce sont des produits en poudre, à haute concentration. Lorsque nous les préparons, nous en faisons la dissolution ou la dilution. Les solutions filles vont ensuite dans les classes à destination des élèves », termine-t-il.

Tout cet espace représente une chance pour ses passionnés de sciences mais aussi une charge de travail considérable par rapport à la quantité d’élèves. Si, pour une journée type, chaque laboratoire comptabilise environ cinq TPs (sachant qu’ils se font en demi-groupe de sept binômes d’élèves), durant l’évaluation pour le baccalauréat des capacités expérimentales des élèves de terminales, en mai, ainsi qu’au deuxième bac blanc, ils préparent tous six Tps de physique, six de chimie et six d’SVT.

Une organisation infaillible

« Notre plus grand défi, c’est la gestion du temps, précise Elie Jbara, gérer la préparation des TPs dans un temps relativement court ». En physique-chimie, il se partage les tâches avec Boutros Mehanna selon la charge de travail, par semaine. En dessous, au laboratoire d’SVT, chaque technicienne est responsable d’un degré : l’une s’occupe des classes de collège et l’autre des classes de lycée. Pour éviter d’être prises de cours, Raghda Kayal et Rana Kabalan exigent des professeurs qu’ils leur fassent leurs demandes de matériel au minimum trois jours à l’avance sur des fiches préétablies : « Ils nous indiquent la date, la salle, le matériel demandé… S’il s’agit d’un TP facile, nous pouvons être prévenues deux ou trois jours à l’avance. Mais lorsqu’il y a un matériel vivant à acheter, ils doivent nous le dire assez tôt. Parfois, nous devons acheter de grandes quantités de cœurs de moutons ou d’œil de bœuf. Il faut avoir un chauffeur qui va faire le tour de plusieurs boucheries pour en avoir 80, au minimum ! s’amusent les deux collègues d’SVT. Il en est de même pour les plantes lors de la dissection de fleurs ».

Autre point qui aide au niveau de l’organisation, c’est une progression commune par niveau. C’est le cas dans toutes les matières scientifiques de l’établissement : les professeurs se réunissent, en début d’année, pour décider de l’ordre des notions à aborder et en informer les techniciens. « Il est évident que cela facilite le travail quand toutes les classes suivent le même cours et proposent le même TP, la même semaine », confirme Rana Kabalan.

Pour éviter les mauvaises surprises et les imprévus, enfin, les techniciens font systématiquement l’inventaire du matériel de la semaine en cours. « Nous commandons régulièrement le matériel obligatoire de travail qui n’est utilisé qu’une fois comme les masques et les gants », précise Boutros Mehanna. « Lorsqu’il y a des casses, nous remplissons un bon de dégradation », continue Raghda Kayal qui relève certaines casses au niveau de la verrerie au lycée, puisqu’au collège ils utilisent encore du matériel en plastique. En fin d’année, « chaque professeur note ce qu’il veut, nous voyons ce qu’il manque, nous pouvons aussi faire des propositions s’il y a du matériel nouveau ou si nous pouvons faire un même TP mais de façon différente ». D’ailleurs, les techniciens sont également préparateurs: « En chimie, je ne peux pas mettre un TP dans la salle sans être certain des valeurs que doivent trouver les élèves… il faut toujours essayer, tester. C’est aussi un de nos rôles », précise Elie.

Une passion à partager

En SVT, c’est sans hésitation aucune que les techniciennes élisent l’observation au microscope et les dissections comme activités préférées des élèves : « En 5e, ils travaillent sur les poissons, les souris, des pattes de grenouilles pour le système nerveux, ils adorent ça ! ». En physique-chimie, « la première chose qu’ils nous demandent c’est ‘est-ce qu’on va faire une explosion ?’. Ils aiment ce qui est esthétique et qui à avoir avec les couleurs comme la dispersion de la lumière blanche », s’amuse Elie Jbara qui enseigne à des classes de collège en plus d’être technicien de laboratoire.

« La préparation est très différente de l’enseignement, ajoute-t-il. Personnellement, étant chimiste, j’adore préparer des solutions mais enseigner à mes classes de 6e et 3e est aussi passionnant ». Même constat à l’étage du dessous : « Nous adorons travailler au laboratoire en équipe, note Rana Kabalan, mais mes heures d’enseignements en SVT et EITS restent indispensables pour me sentir complètement accomplie ». « Cette année, j’ai remplacé une collègue pendant deux mois et enseigner l’SVT à des classes de 4e était une très belle expérience », conclut sa collègue Raghda Kayal, avant de se replonger dans son précieux classeur pour préparer les prochains travaux de ce début d’année.